Créer un Atlas de la Biodiversité Communale

Depuis une dizaine d’année, le Ministère de l’Environnement incite les collectivités locales à créer à leur échelle un Atlas de la Biodiversité Communale pour mieux connaitre la faune et la flore locale, et ainsi mueyx la protéger.

L’intérêt de l’ABC pour la transition

Inventorier et cartographier la faune et la flore de son territoire est un outil puissant du maire pour planifier l’urbanisation du territoire. De nombreux projets espérés par la population, sur lesquels des techniciens ont longtemps travaillé, achoppent finalement sur la nécessaire préservation d’une espèce rare se trouvant à l’emplacement précis du projet. Un échec qui ne serait jamais survenu si l’atlas avait été élaboré.

Car l’atlas révèle tout son potentiel quand il est associé à une étude d’impact, où il permet de pointer précisément et dès le début les zones qui vont poser problème et les impacts potentiels de vos décisions. Il offre donc l’opportunité de penser dès le début à éviter ou réduire les dégâts environnementaux, plutôt que de (mal) compenser après coup.

A cette occasion, chacun est invité à s’exprimer. Simples habitants, agriculteurs, agents techniques municipaux, chasseurs et pêcheurs, commerçants, promeneurs, industriels, chacun a son mot à dire dans la démarche, chacun a ses préoccupations et peut remarquer des choses précises. l’idée n’est pas de stigmatiser une catégorie de la population, mais bien d’associer toutes les connaissances pour établir le tableau le plus précis à un moment donné de la biodiversité locale.

Connaitre sa biodiversité permet de savoir où se trouvent telles essences, le nombre exact d’individus d’une espèce (en Alsace, nous comptons les cigognes, c’est viscéral, et quand un village a un couple viable, il gagne en prestige). Dès lors, il devient plus facile de vérifier leur présence, leur bonne santé d’année en année. Cela permet donc de se rendre compte des impacts éventuels de l’activité humaine sur la nature. Dit autrement, c’est un outil d’anticipation.

Toute la question est de savoir ce qui constitue un peuplement ordinaire ou au contraire une présence extraordinaire, inattendue, dans un milieu où telle espèce n’est pas attendue, et doit donc être préservée. Ou encore, ce peut être un moyen de déterminer les interrelations et dynamiques propres aux échanges et luttes entre espèces, qui peuvent voir leur écosystème perturber par une intervention humaine apparemment minime.

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Un atlas utile pour la planification urbanistique

La traduction concrète de cet atlas se fait dans les documents d’urbanisme, notamment le PLU. Le PADD sera aussi idéal pour inscrire les découvertes dans les objectifs d’aménagement. Les zones repérées comme sensibles doivent ainsi donner lieu à une protection en zone N ou F selon le type, quitte à déclasser des zones constructibles au nom de l’intérêt général. C’est le genre de moment où une implication de la population dans la démarche se révèle indispensable, pour éviter les réactions de colère. En effet, un terrain non constructible n’a plus du tout la même valeur…

Ces données récoltées se trouvent ensuite compilées dans des inventaires régionaux et nationaux. En Alsace, nous avons par exemple l’association Odonat (élargie au grand est désormais) qui collecte les observations naturalistes, réalise des cartographies et propose des bases de données d’évolution des espèces animales et végétales. Un outil indispensable pour la recherche écologique et la définition des schémas régionaux et des politiques nationales et communautaires.

Par ailleurs, comme évoqué dans d’autres articles, vous pourrez recourir à l’outil de planification de l’emplacement réservé, qui vous permettra de geler un terrain en vue, dans ce cas précis, d’y aménager un espace vert. ce qui peut être très utile pour préserver les corridors écologiques, ou encore relier entre elles des zones de nidifications.

En effet, l’Atlas de la Biodiversité Communale est le préalable indispensable aux trames vertes et bleues. Et aussi des trames noires et marron, mais ne multiplions pas les couleurs à ce propos. Les Trames feront l’objet d’un article ultérieur.

Les outils de son élaboration

Le principal outil de mise en oeuvre de l’atlas de la biodiversité communale, son guide méthodologique, est celui mis à disposition par le ministère dès 2014, qui fait suite aux premiers ABC rédigés et en tire les leçons pour expliquer les bonnes pratiques.

Régulièrement, le ministère lance un appel à projet pour aider à la réalisation de l’atlas de la biodiversité communale. Le dernier portait exclusivement sur l’outre-mer, ce qui est assez cohérent vu la multiplicité des espèces animales et végétales mal connues dans ces territoires. Mais ce n’est rien de folichon, en général l’aide apportée tourne autour des 5 000 €. Rien n’interdit non plus aux conseils départementaux et régionaux de subventionner la démarche.

Concrètement, le meilleur moyen de réaliser son ABC à moindre coût reste de le mutualiser entre plusieurs communes, voire à travers la communauté de communes. Une démarche plus pertinente par ailleurs, puisque les corridors écologiques ne s’arrêtent pas aux frontières administratives. Analyser la diversité naturelle doit se faire à l’échelle d’un territoire, ce qui facilite par la suite son intégration dans les SCOT et projets de territoire.

Ainsi, le ministère estime qu’une telle démarche coûte de 15 000 à 35 000 euros pour une commune. Le coût varie en fonction de la superficie, du degré d’exhaustivité demandé et de la complexité écologique. Une somme qui n’augmente pas en proportion du nombre de communes associées à la démarche, ce qui facilite l’engagement pour les petites communes. Ce travail peut être accompagné par des associations naturalistes comme la LPO, des branches locales de FNE ou d’autres structures plus spécialisées, qui peuvent se révéler moins coûteuses mais tout aussi compétentes que des bureaux d’études.

Une opportunité sociale pour le territoire

Par ailleurs, pour le labeur fastidieux et chronophage d’observation sur le terrain, la méthode bien éprouvée est d’avoir recours à des services civiques. Même si cet outil d’insertion professionnelle des jeunes est un peu dévoyé, il s’adapte parfaitement dans le cas présent à des jeunes éloignés de formation ou de l’emploi. En effet, cette tâche civique leur donne à accomplir une tâche d’intérêt général qui permet de leur remettre le pied à l’étrier, voire de susciter des vocations naturalistes. (et c’est probablement plus intéressants que les missions de pôle emploi et la poste)

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Mais l’observation naturaliste est aussi l’occasion de mobiliser la population à l’occasion de journées citoyennes ou autres événements recréant un lien social de proximité entre habitants. Des ateliers avec des enfants, pendant les vacances, pourraient aussi dans le cadre de l’éducation à l’environnement. Mais pourquoi pas des randonnées, des sessions de marche nordique ou autres ! De nombreuses associations et structures locales peuvent être associées à l’observation naturaliste.

Ainsi, une fois l’atlas réalisé et les zones sensibles cartographiées, grâce à cette participation de la population, vous pourrez concrétiser le résultat à travers des panneaux pédagogiques sur la nature des plantes et animaux, sur leur histoire, l’évolution de leur usage local. Un festival de la nature locale est aussi une bonne manifestation de clôture.

Une occasion de célébrer en commun cet accomplissement naturaliste, de partager ses connaissances et de donner envie à chacun d’aller plus loin dans la préservation de son environnement.

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Nicolas Falempin

Cadre de la fonction publique territoriale spécialisé en protection de l'environnement.  Mélange droit public, transition écologique et tasses de café pour créer un blog concret sur la transition des territoires.

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