Créer une trucothèque

Une perceuse ne servirait pas plus de douze minutes en moyenne sur toute sa durée de vie. Un chiffre qui pourrait s’appliquer à de nombreux autres outils et équipements domestiques. Ce peut être des instruments de cuisine et de cuisson, des équipements sportifs, du matériel de bricolage, de ménage ou d’entretien de véhicule. Ils sont utiles, mais seulement quelques fois par ans. Dans l’intervalle, ils ne servent à rien et prennent la poussière. Or, si chaque ménage s’équipe de la sorte, c’est une accumulation d’objets qui chacun ne servent pas vraiment.

Pour prévenir ce phénomène, votre commune pourrait créer une trucothèque. Une structure qui, sur la base d’une bibliothèque, prêterait des objets pour quelques jours. Un moyen idéal de réduire les déchets, d’améliorer le pouvoir d’achat et de créer du lien social.

Une trucothèque pour mutualiser les besoins de chacun

Avons nous vraiment besoin de tout ce que nous achetons et stockons chez nous ? Cette cocotte minute, va t’elle servir tous les jours ? Et ce mixer plongeant, cette sorbetière, ce barbecue, vont ils être utilisés régulièrement ? Nous pouvons appliquer ce raisonnement à d’autres besoins. Je possède une caisse à outil qui me sert deux fois par an. Et cet aspirateur a eau, cette meuleuse, cette ponceuse, depuis quand n’ont ils pas été allumés ?

Nous accumulons objets et équipements pour les utiliser au final guère plus de quelques dizaines de minutes chaque année. C’est un gaspillage de place et de ressources. Au fond, avec un minimum d’anticipation, nous pouvons prévoir quand nous en aurons vraiment besoin. Et pour peu qu’une structure puisse nous les prêter, y recourir serait tout aussi pertinent.

Car un outil mutualisé, c’est surtout un outil qui va être de meilleure qualité, puisque nous pouvons investir plus dans son acquisition. C’est aussi autant d’exemplaires qui ne seront pas achetés par les ménages ayant recours au service. Au final, c’est donc des déchets en moins à traiter, que ce soit par recyclage, incinération ou enfouissement.

Vous pouvez sinon indiquer sur votre boite aux lettres ce que vous pouvez prêter grâce aux stickers pumpipumpe

D’ailleurs, à l’instar d’une ressourcerie, la trucothèque peut fonctionner par la collecte des objets inutiles de ses membres. Ainsi, des usagers peuvent mettre à disposition leur propre matériel, définir les modalités de prêt, tout en se réservant des créneaux pour leurs propres usages.

Une trucothèque pour créer du lien et accompagner au changement

Les plateformes de prêts entre voisins ont fait long feu. Vous vous y inscrivez et n’y revenez jamais. C’est le même problème que pour les SEL et les accorderies, sans animation du réseau et activités sociales, ça ne vit guère. A l’inverse, une structure de proximité comme la trucothèque évite cet écueil. La fréquentation d’un lieu unique permet de maximiser ses chances d’obtenir l’équipement requis. En fait, puisque son fonctionnement repose sur une structure formalisée, et peut-être même par le soutien municipal, chacun a intérêt à y participer.

Cette fiabilité permet de maximiser l’utilité de rejoindre la structure, que ce soit en y apportant son équipement ou en empruntant celui mis à disposition. Certes, il y aura parfois plus de demandes que d’offres, mais c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes, de discuter de ses propres besoins, de trouver un arrangement.

D’ailleurs, ce sera l’occasion de partager ses connaissances avec d’autres personnes, de faire monter en compétence ceux qui souhaitent apprendre à se servir d’un outil. En fait, la trucothèque est un instrument de votre résilience, en ce sens qu’il améliore la capacité d’action de ses usagers. Basé sur l’entraide et le partage, il donne l’occasion d’échanger entre personnes à partir d’un prêt, d’un échange de bon procédés. C’est donc un élément indispensable de votre politique de renforcement du lien social. A Metz, la trucothèque organise ainsi des brunchs pour faciliter la rencontre entre les participants du service…

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Une trucothèque pour créer une coopérative de la transition écologique

Mais cela ne se fera pas naturellement. Votre trucothèque ou ressourcerie a besoin de personnes pour la faire vivre. C’est une structure qui va manipuler de l’argent et de l’équipement, se montrer chronophage en administratif, en entretien, en logistique. Il n’est guère souhaitable de la laisser reposer sur le seul bénévolat. Il est préférable que la structure soit professionnalisée, sans objectif de rentabilité.

Or, à l’instar de ce que propose la fondation Zoein avec son revenu de la transition écologique, la trucothèque est l’exemple même d’activité répondant à leurs critères de coopératives. En effet, cette activité relève de l’économie sociale et solidaire et ne concurrence pas d’activités rentables. De la sorte, c’est un bon moyen pour aider des personnes à se réinsérer ou à créer une activité certes non rentable par elle même, mais porteuse de sens, et qui contribue directement à la transition écologique.

C’est d’ailleurs le modèle de développement économique de structures historiques comme Emmaus ou Envie. Plutôt basées sur le modèle de la ressourcerie, elles offrent néanmoins un cadre propice pour la réinsertion professionnel dans une structure non concurrentielle.

Une structure facile à monter dans votre commune

De la sorte, si votre commune s’est engagée dans une démarche territoire zéro chômeur de longue durée, ce genre d’activité peut être idéale. Dans cette optique, les personnes en réinsertion seraient intégrées à l’activité de la trucothèque, ce qui leur permettrait d’acquérir de nouvelles compétences et de retrouver des habitudes de travail. De plus, une partie du coût de leur activité serait pris en charge par le dispositif.

Néanmoins, vous pouvez aussi opter pour le soutien à une association dédiée. Dans ce cas, il vous faudra veiller à éviter une gestion de fait en étant le seul financeur de la structure. Il est important que les usagers participent au financement du service au moins par leur adhésion. Il est illusoire de penser qu’un tel service puisse à la fois financer les locaux, le matériel mutualisé et les salariés par les seules contribution des usagers. Pour autant, cela ne signifie pas qu’une telle participation doit rester optionnelle. Au contraire, elle donnera de la valeur à l’implication dans le service, tout en pouvant être modulée en fonction des revenus du ménage.

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D’ailleurs, le matériel municipal pourrait être lui aussi intégré à cette structure. Le matériel de scène, les tables et bancs, les camions, les barrières vauban ou les tonnelles sont autant d’équipement souvent sollicités pour les manifestations sans véritable cadre légal. Certaines collectivités formalisent le prêt avec des convention, mais c’est parfois au bon vouloir du maire. Passer par une telle structure permettra de rendre la procédure plus transparente, et donc de faciliter son accès au public tout en soulignant l’exemplarité de la collectivité.

Conclusion

La création d’une trucothèque-ressourcerie sera un axe fort de votre politique de préparation de la population à la transition écologique. En effet, au-delà du seul prêt d’objets, c’est une action en faveur de la prévention des déchets, de la résilience locale, du développement économique et du renforcement du lien social. C’est une structure de proximité suffisamment souple pour se prêter à de nombreux usages et vous rendra de nombreux usages.

Avez vous une telle structure près de chez vous ? Comment est-elle accompagnée par les collectivités locales ?

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Nicolas Falempin

Cadre de la fonction publique territoriale spécialisé en protection de l'environnement.  Mélange droit public, transition écologique et tasses de café pour créer un blog concret sur la transition des territoires.

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