L’effondrement de la civilisation occidentale
Dans ce court ouvrage, d’abord paru en 2014 puis réimprimé en 2020, Naomi Oreskes et Eric M. Conway imaginent les changements climatiques du XXIème siècle. Et pour ce faire, plutôt que de faire de la fiction, ils empruntent le registre historique. Ainsi, dans la peau d’un historien chinois du 24ème siècle, ils retracent l’effondrement de la civilisation occidentale.
Ce livre s’inscrit dans la continuité de leur précédent ouvrage, les marchands de doute. Dans ce dernier, ils dénonçaient la manipulation de la science au service de l’industrie. Un mécanisme bien connu de nos jours pour les pesticides, mais qui retarde également la lutte contre le changement climatique. En effet, les grands lobbys du complexe de la combustion du carbone, comme ils le nomment, finance des instituts de recherche pour décrédibiliser le GIEC et les instituts appelant à l’urgence climatique.
Car paradoxalement, la science est impuissante à agir. Ironisant sur l’intervalle de confiance, ils soulignent qu’il est ainsi facile de dénoncer les projections pessimistes pour privilégier un statu-quo. Pourtant, nous voyons déjà ce qui se passe, c’est en cours. Néanmoins, quand les scientifiques le prévoient, ce n’est jamais suffisamment probable pour être vraiment pris en compte. Un paradoxe qui se conjugue avec le fondamentalisme néolibéral pour promouvoir le laisser faire, la régulation du marché.
Des chiffres glaçants de réalisme
Ce qui frappe dans leur livre, c’est la confrontation des données scientifiques claires et des décisions politiques absurdes. Ils n’inventent rien, tout ce qui y figure a été prédit et calculé à notre époque. Ce sont des vulnérabilités systémiques scientifiquement probables qui nous conduisent vers l’abime. Les records de chaleurs sont ainsi de plus en plus fréquents, provoquant sécheresse et canicule. Le niveau des mers augmente en conséquence, faisant fuir les populations littorales. La production agricole s’effondre tandis que les déserts s’agrandissent. Le permafrost arctique fond, relâche du méthane et enclenche un cercle vicieux de réchauffement.
Tout est prévisible, et même déjà assez largement répété. Les villes côtières ne pourront pas résister, pas plus que les zones au climat continental.
Ce livre anticipe la collapsologie, précédant comment tout peut s’effondrer de quelques années, en livrant un récit mordant et plein d’ironie sur ce qui se passe aujourd’hui, dans une indifférence quasi générale. L’effondrement de la civilisation occidentale n’est une fiction qu’en 2014. Ses dates sont un exemples, une possibilité. Ce sera très certainement un véritable livre d’histoire sous peu. Trop peu.
Retrouver et acheter le livre sur le site de l’éditeur français