Urgence climatique : les 5 décisions à prendre
Dans sa loi Energie et Climat de 2019, le gouvernement français à acté l’urgence écologique et climatique. Promulguée en novembre, elle fixe l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050. Elle s’occupe essentiellement de fixer le mix énergétique et de lutter contre le gaspillage énergétique des bâtiments.
Il s’agit donc d’une déclaration en trompe l’oeil, qui reprend l’expression, sans prendre les mesures nécessaires. Heureusement, les communes peuvent prendre le relais de l’état défaillant. C’est pourquoi nous vous proposons 5 mesures à prendre en priorité pour engager la transition écologique dans votre commune.
Sommaire de l'article
Déclarer l’urgence climatique municipale
Au-delà d’une expression paraissant un peu creuse, l’urgence climatique est un symbole d’engagement. Elle signifie que la ville se met au diapason des mesures nécessaires pour réduire ses émissions et protéger la nature. Malheureusement, de nombreuses collectivités l’ont déclaré pour paraître plus vertes que les autres et attirer le suffrage écologiste. En début de mandat, une telle déclaration aurait au contraire un sens tout à fait différent.
En tant que première décision, elle placera le reste du mandat sous le signe de la transition écologique. Chaque politique municipale sera évaluée à l’aune de cette décision.
Cette déclaration peut prendre la forme de la signature d’une charte auprès d’une association, sur le modèle de ce que proposait Alternatiba jusqu’aux municipales. En tout cas, c’est aussi un appel du pied auprès des associations spécialisées. Un appel à ce qu’elles suivent la politique municipale, mobilisent l’opinion en faveur des changements à opérer, vous conseillent et vous rappellent vos engagements.
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Engager l’administration dans la transition écologique
Déclarer l’urgence climatique signifie que les agents publics doivent se mettre au diapason de ce principe. Ainsi, c’est une sorte de cellule spéciale qui se formera, un comité de pilotage de la transition avec des référents pour chaque thématique. Elle serait chargée de réfléchir à la forme que devrait prendre la mise en oeuvre de ce principe dans la commune. Cette transposition se fera tant en externe sur les politiques publiques qu’en interne sur l’organisation même des services.
Chaque service devrait idéalement former son propre groupe de travail pour réfléchir à la manière dont il pourrait changer son fonctionnement. Comment ils pourraient réduire leurs déchets ou leur consommation électrique ? Quelles techniques faut-il privilégier pour émettre moins de CO2 ? Comment pouvons nous nous déplacer sans réduire notre efficacité ?
De la sorte, avec ce recours à l’intelligence collective, à la boite à idée, les agents se sentiront plus concernés par la transition. Ils sauront que le changement est aussi impulsé par la base, par ceux qui composent l’administration. Et non pas uniquement par ceux qui la dirigent. Ils s’engageront d’eux même dans la voie de l’exemplarité des services publiques. Ce qui est essentiel pour la réussite de la transposition de l’urgence climatique dans les politiques publiques.
Adapter le conseil municipal
Plus qu’un symbole, l’urgence climatique est une conviction qui doit être chevillée au corps de chaque élu. En tout cas de ceux de votre liste. Cela doit se ressentir dans la manière dont est organisée la majorité. Il faut une cohérence entre les déclarations politiques et l’organisation politique de votre collectivité.
Ainsi, la mairie aura besoin d’un adjoint à la transition écologique locale. Il sera en charge de superviser les agents dédiés, que nous avons présentés dans l’article idoine. Mais pour être efficace, il devra non seulement être dans le bureau restreint, mais également, si possible, être le premier adjoint. Ses pouvoirs le rapprocheraient de la direction générale, dont devra être membre le chargé de mission transition.
De la sorte, cela donnerait vraiment un tempo climatique à au conseil. Il pourrait suppléer le maire dans l’accompagnement des autres élus. Car les missions des autres adjoints intégreront également cette nouvelle dimension. Cela pourrait être faciliter par les conseillers municipaux, auxquels des délégations dédiées à la transition des services pourraient être attribués. Les adjoints seraient ainsi déchargés de cette responsabilité supplémentaire. Elle risque en effet d’être trop chronophage alors que les mandats sont déjà très lourds à assumer.
Informer la population de l’urgence climatique
C’est l’un des credo de l’organisation Extinction Rebellion. Il faut dire la vérité. Il faut l’informer sur l’imminence des perturbations écologiques et climatiques. La 6e extinction de masse ou la perspective d’un effet d’emballement ne doivent plus seulement être des expressions entendus ou lus dans les médias. Ils seront des réalités concrètes pour vos habitants.
Pour cela, il ne suffit pas de déployer une banderole sur la façade de la mairie. Faire sonner la corne de brume n’est pas non plus une solution. Informer ne signifie pas déclencher un mouvement de panique. D’autant qu’en 2020, rares sont ceux qui pensent encore que le changement climatique n’existe pas. Voire qu’il n’est pas causé par l’humanité.
En fait, l’information doit plutôt porter sur les conséquences qu’il aura pour eux. Pour cela, je vous conseille plutôt d’organiser des événements sur les bouleversements écologiques et climatiques. Chaque mois, une soirée pourra y être dédiée par exemple. Ce pourrait être des projections, des tables rondes avec des spécialistes locaux, des conférences gesticulées, des présentation d’un ouvrage par son auteur, des festivals, etc. Les formats ne manquent pas, ni le contenu disponible. En la matière, il n’est nul besoin d’innover.
Ensuite, l’infolettre et le bulletin municipal seront vos alliés pour continuer. Des articles de vulgarisation pourront y être ajoutés pour approfondir certains aspects. C’est idéal pour aborder des thématiques qui donneront lieu à de nouvelles politiques publiques. L’idée est au fond de susciter la curiosité ou le débat parmi les habitants. D’ailleurs, une résidence artistique sur ce thème pourrait être aussi une idée à creuser.
Organiser une convention citoyenne pour le climat
Comme l’a fait le gouvernement entre 2019 et 2020, organiser une convention citoyenne pour le climat serait une bonne idée. Cela placerait d’office la responsabilité de l’adaptation du territoire entre les mains des habitants. Ainsi, l’adjoint en charge de la transition et le maire auraient le rôle d’animateurs du processus, plutôt que de décideurs.
Ce qui est intéressant dans ce format, c’est la formation dispensée aux participants. En effet, vous ne pourrez compter sur la seule prise de conscience suite aux ateliers organisés. Pour accompagner la transition écologique locale, il faut connaitre un peu mieux les politiques publiques et leurs possibilités légales. C’est d’ailleurs l’un des enseignements de la convention nationale. L’avis des participants après 9 mois d’information, de réflexion et de concertation, peut être radicalement différent sur des mesures très clivantes de celui du reste de la population.
Ainsi, avec les techniciens et spécialistes locaux pour informer des possibilités légales et techniques, les habitants sauraient quoi faire. Mais il leur faudra aussi plancher sur l’aspect financier de ces mesures. Lesquelles seront prioritaires, soit parce qu’elles conditionnent le reste, soit parce que leur mise en oeuvre est longue. Par exemple, la démarche cit’ergie ne coûte pas très cher mais conditionne le reste. Ce serait dommage de ne pas la commencer rapidement.
Evidemment, ces décisions seraient prises dans un cadre extra-municipale, sans pouvoir impératif. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles doivent être facultatives. En effet, l’acceptation sociale de politiques nouvelles, voire déroutantes pour certaines, ne peut passer que par une volonté citoyenne de les voir mises en oeuvre.
Conclusion
A travers ces 5 actions, vous avez vu à quoi pourrait ressembler un début de mandat placé sous le signe de l’urgence climatique. Contrairement au gouvernement, un maire désirant agir pour la transition écologique locale ne peut se contenter de formules creuses. Il est là pour agir. Déclarer l’urgence climatique, la transposer au conseil municipal et à l’administration, pour ensuite la répercuter sur les habitants en les informants, puis en les impliquant, est la voie vers une commune tout entière tournée vers une transition écologique locale rapide et complète.
Tous les citoyens et les conseils municipaux peuvent s’inspirer du kit très complet proposé par le collectif Citoyens pour le Climat pour déclarer l’état d’urgence climatique https://www.urgenceclimatique.fr/