Les maires et la transition écologique
Ce petit livre est issu du périple effectué par son auteur, Ulysse Blau, au printemps 2019. Sur son vélo, il a parcouru le Calvados pour rencontrer une soixantaine de maires. Ainsi, il a pu les interroger sur leur perception de la transition écologique et ce qu’ils mettaient en oeuvre. Une enquête sociologique avec des témoignages directs en somme.
C’est un regard porté directement sur les préoccupations et inquiétudes des maires. La difficulté à exercer un mandat devenu trop avec lourd avec la multiplication des normes. Mais aussi un équilibre financier que la baisse des dotations complique. Les maires se livrent à Ulysse Blau comme ils ne s’expriment jamais face à leurs agents. C’est là que réside la grande force de cet ouvrage. Nous, fonctionnaires de terrains, n’entendons jamais les états d’âme de nos élus. Pourtant, nous aurions besoin de les connaître pour humaniser ces figures d’autorité parfois trop inaccessibles.
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Ce que pensent les maires
En allant à la rencontre des édites, l’auteur découvre leurs préoccupations. D’abord le bonheur de leurs concitoyens, ensuite la place de la végétation, enfin celle de l’automobile en ville. Ce n’est qu’ensuite que viennent la propreté, les services publics ou les commerces. A l’inverse, les français veulent de la propreté, la protection de l’environnement et la sécurité. Une dichotomie qui illustre la difficulté de ce rôle de couteau suisse politique.
Les maires en la transition écologique souligne aussi l’écart croissant entre commune et communauté de communes. En effet, les réformes récentes favorisent les intercommunalités en leur attribuant de nouvelles compétences locales. Par ailleurs, ils se sentent contraint d’y avoir recours de par la baisse des dotations et la suppressions des taxes directes. Ce qui les rend d’autant plus amer que les petites communes y sont peu représentées. Les communautés de communes sont donc perçues comme un facteur de désintérêt du mandat municipal. Pourtant, pour la transition écologique, leur position transversale et leur poids économique en fait un allié précieux.
Car pour les maires, l’écologie c’est le tri des déchets et l’arrêt des produits phytosanitaires…
Les maires et la transition écologique
Pour le reste, le constat est sombre. La résilience alimentaire est faible et peu perçue comme nécessaire. L’approvisionnement en eau, quoique le transfert de la compétence au niveau intercommunal soit redouté, n’est pas perçu comme un enjeu. Quant à la production d’énergie renouvelable, elle suscite de la méfiance et de l’opposition chez les habitants, ce qui freine l’émergence de projets municipaux.
De ce fait, l’anticipation des risques n’est pas la priorité des maires. Cela se ressent notamment dans les Documents d’information communaux sur les risques majeurs (DICRIM) souvent incomplets, quand ils existent…
L’ouvrage se finit par une note positive, puisque le pouvoir des élus à changer leur ville dépend de leur propre volonté en la matière. Tout comme il en est de même pour les habitants, plus susceptibles de transformer leur commune qu’ils ne l’imaginent. Pour y revenir les uns et les autres, il leur faut prendre conscience de leur réel pouvoir. En matière de transition écologique, c’est par manque de réflexion sur la compétence municipale et d’idée inspirante qu’ils échouent à la mettre en oeuvre. Mais les sources d’inspiration se multiplient, n’est ce pas ?
Vous pouvez découvrir le livre ici et le périple de l’auteur par là.