Mon bilan carbone individuel 2021

La réalisation de son bilan carbone individuel de l’année passée est la chose la plus simple que quiconque puisse faire pour prendre conscience des ordres de grandeur, évaluer son mode de vie et trouver des axes d’améliorations rapides et durables. En constatant la facilité avec laquelle vous pouvez agir sur quelques points, vous changez sans vous priver. Il n’est demandé à personne d’atteindre les 2 tonnes du jour au lendemain, c’est un processus graduel, dans lequel nous avancerons ensemble. La démarche rentre dans l’intimité par contre, et si je n’ai pas de problème à vous dévoiler mes choix de vie et mon intérieur, je peux comprendre que ce ne soit pas aussi facile pour tout le monde. D’ailleurs, parlons de moi maintenant.

2021 a été une année particulière pour moi. J’ai fait 500 km pour prendre un nouveau poste. Le boulot de mes rêves comme j’ai pris l’habitude de le décrire, puisqu’il associe la transformation environnementale d’une collectivité à l’intégration des habitants dans la gouvernance locale pour mener une transition écologique à l’échelle communale. J’ai abandonné mes amis, mes habitudes et tout ce que j’avais bâti depuis 2012 pour ouvrir un nouveau chapitre de ma vie.

Or, depuis 2019, à travers le site Solutions Locales, je réfléchis justement à comment organiser les communes, mais aussi comment se transformer soi-même, pour rendre possible cette transition vers un mode de vie plus soutenable. J’y parle déjà de changements d’habitudes, de renoncement, mais aussi de nouveaux départs et de constructions de nouvelles sociabilités. C’est donc en quelque sorte une préfiguration de ce que j’espère voir advenir dans les années futures. Réaliser un bilan carbone individuel après de tels changements prend donc tout son sens.

Je m’appelle Nicolas Falempin, 34 ans, spécialisé en ingénierie environnementale des collectivités locales. J’ai la chance d’être dans une situation privilégiée. Je vis en France, j’ai un bon travail sédentaire et correctement rémunéré, ce qui me permet de ne pas me soucier de la fin du mois et même d’épargner. Je n’ai pas d’enfants et vis seul (donc pas d’économies d’échelles), ni de parent malade dont je dois m’occuper et suis plutôt en bonne santé. Par contre, je suis encore en CDD, ce qui signifie que je ne possède pas mon logement et ne peux donc pas jouer sur ce levier là.  Plutôt grand, 2m et 95kg, j’ai une alimentation supérieure à la moyenne. Toutes ces difficultés, ces doutes et ces questionnements, je vais désormais les aborder section par section. 

Mon bilan carbone selon Nos Gestes Climat

Rappels sur l’empreinte carbone individuelle

Le cabinet Carbone 4 a récemment proposé une nouvelle répartition de l’empreinte carbone moyenne des français selon les grands postes de dépense, qui permet de se rendre compte grosso modo des ordres de grandeur en la matière. C’est un outil imprécis mais intéressant pour constater où nous en sommes individuellement. Le bilan carbone individuel permet donc de se situer dans ce graphique.

Ces chiffres permettent ainsi de remettre en perspective mes propres calculs, mais aussi de se projeter dans sa situation. La description détaillée de chaque poste prendrait trop de temps, mais fournit un cadre d’analyse qui détermine la structure de ce bilan carbone individuel. Mais c’est une moyenne, et cela reste un outil statistique imparfait qui masque de profondes inégalités.

Car nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas égaux face à l’empreinte carbone quand nous considérons aussi les revenus des ménages. Pour l’heure, les études se basent sur les ménages avec enfants, ce qui rend la retranscription par individu compliquée, mais il est clair que les ménages aisés consomment plus que les ménages modestes, et ont donc une empreinte carbone. Entre les premier et dernier décile, l’écart est de quasiment 200%. 

Mais ce n’est pas le seul facteur, la localisation géographique joue beaucoup. Si vous vivez dans une grande ville, vous serez plus avantagé qu’à la campagne. Certes, vous pourrez y cultiver vos légumes (impact faible), mais vous devrez parcourir des milliers de kilomètres chaque année en voiture (impact fort). 

Énergie & Fluides

La consommation de cette section se répartit entre la consommation électrique et l’eau. Le m3 d’eau potable a une empreinte carbone estimée à 130g de co2 par m3, tandis que l’empreinte du Kwh selon le mix électrique français est de 60g de co2 du Kwh. A moins de se chauffer au fioul ou au gaz, ou d’habiter une grande villa avec piscine chauffée, il n’y a pas de surprise dans cette section du bilan carbone individuel.

Sur l’électricité, j’ai consommé 3700 Kwh sur 2021 pour un appartement de 40m² construit en 2009 et pas particulièrement isolé (rez de chaussée, huisserie standard, mur standard, chauffage électrique) avec cuisine et ECS totalement électrique également. C’est la sobriété de ma consommation qui fait la différence. Cela représente 220 Kg eq.Co2.

En effet, je ne chauffe pas à plus de 20°C au thermostat d’ambiance, la température ressentie étant autour de 17/18°C (je n’ai pas froid, je mets un pull, j’utilise un plaid). J’allume le chauffage le 15 octobre et je l’éteins le 15 avril généralement, soit 6 mois de chauffage. J’ai 4 radiateurs de 1000W, dont un qui est au minimum (salle de bain), celui de la chambre qui est sur 2 et les deux de la pièce principale/cuisine à 3.  Il est difficile de savoir quelle volume d’électricité est utilisé pour chaque radiateur. Pourtant, entre les mois avec et sans chauffage, je constate une différence de consommation de 250 Kwh. je retiens donc une moyenne de 8,3 Kwh par jour de chauffage. 

Mon lave linge doit servir 10 fois par mois max. Moitié pour du 30mn à 30°C, moitié pour des cycles de 2/3h à 40°C ou 60°C (drap).  On peut estimer qu’il tourne 15h par mois.  J’utilise un fer à repasser, mais c’est une consommation marginale sur l’année.

J’ai également une télévision et une console xbox. Toutes mes lampes sont en LED. Je recharge mon téléphone au travail généralement, mais ça reste anecdotique pour la consommation. Par contre j’ai un lecteur Radio CD qui reste branché en veille toute l’année, car c’est également mon réveil. Il fonctionne une heure le matin et parfois en soirée. Je n’utilise pas de ventilation en été. 

La consommation de la cuisine est difficile à estimer. J’utilise beaucoup une petite plaque à induction de 1000W  (30mn par jour) et une grande plaque (2500W) pour cuisiner le midi ou le dimanche (2h par semaine), ainsi qu’un four électrique 2000W (1h/semaine). En accessoire, j’ai une cafetière et une bouilloire qui doivent fonctionner 1h max par semaine.  La cuisine doit tourner à 14Kwh par semaine.

Le chauffe-eau représenterait donc le reliquat. Or, vu la contenance de mon chauffe-eau (200L), et son réglage par défaut à 60°C (je n’ai pas la main), cela devrait représenter une consommation bien plus conséquente si justement je ne l’allumais pas justement pour me doucher. 

La formule pour calculer l’énergie nécessaire pour 200 litres d’eau est la suivante : Chaleur massique de l’eau x (température eau chaude – température eau froide) x200, ce qui nous donne environ 9Kwh. Sur une année, vu la fréquence d’usage du chauffe-eau, je suis donc normalement à 1080 Kwh. 

RaisonConso KwhUsagetotal Kwhempreinte
Lave Linge1,215h/mois18010,8
36528016,8
Éclairage0,0256000h1509
Box internet0,0043000h120,72
Téléviseur0,051200h603,6
Console/ PC0,075600h452,7
Lecteur Radio0,001365 jours855,2
Chauffage8,3 Kwh200 jours1 65099
ECS9120u108064,8
Cuisine1 Kwh56h/mois67040,2
Abo Netflix50
4070298,2

Comme on peut le voir, j’ai surestimé ma consommation électrique d’environ 10%. L’impact du chauffage est donc peut être encore plus bas que prévu. Il est probable que la cuisine ait elle aussi été légèrement exagérée. Je vais reprendre le chiffre originel de 220 Kg de co2 et y ajouter celui de mon abonnement Netflix (électricité des serveurs de streaming). D’ailleurs, la consommation d’internet n’est pas valorisée ici, et c’est une vraie lacune.

Sur le même sujet :  Élaborer une stratégie pour mener la transition locale

Ma consommation d’eau est basse avec  20m3 sur l’année, soit à peine 50L par jour (140L en moyenne nationale). En effet, je prends une douche de 5mn avec un mousseur tous les 3 jours, et utilise le lavabo le reste du temps, ce qui diminue également le chauffage de l’ECS. Je fais ma vaisselle à la main par contre. Le reste de l’eau utilisée est pour ma consommation personnelle, la cuisine, le ménage. 

ObjetConso m3UsageVolume eau m3empreinte
Douche0.06120u7,20,93
WC0,033651,10,14
Hygiène lavabo0,005240u1.20,16
Eau lessive0,06120u7,20,93
Eau froide0,008365 jours30,4
19,92,6

Axes d’amélioration :  Je n’en vois guère à moins de renoncer aux loisirs numériques, et les consommations impliquées sont faibles. Je ne possède pas l’appartement, donc ne peut pas améliorer l’isolation. Le chauffe-eau reste une consommation énorme, mais je n’ai pas la main non plus là-dessus. 

Logement

Je suis partagé sur l’intégration du logement dans mon bilan carbone individuel, car je n’en suis pas propriétaire et n’en bénéficierait donc pas une fois celui-ci amorti. Pourtant, je profite néanmoins de sa construction, j’ai un toit au-dessus de ma tête, j’y stocke mes affaires, j’y vis 15 heures par jour. (oui, pas de télétravail). Je trouve donc compliqué de ne pas l’intégrer dans mon empreinte.

Ce sujet est en réalité assez peu traité. C’est celui pour lequel j’ai passé le plus de temps par rapport à sa simplicité. L’évolution très rapide de la réglementation, impliquant des choix de matériaux différents, rend difficile cette comparaison entre des bâtiments anciens, ceux bâtis dans la seconde moitié du XXème siècle, ceux du début du siècle, ceux de la RT2012 et désormais ceux de la RT2020.

Pour autant, j’ai trouvé deux références qui, selon le référentiel ACV, donne des chiffres concordants sur l’empreinte carbone d’un logement. Tous deux retiennent que les appartements coûtent 20% de CO2 en plus, car les économies d’échelle du collectif ne compensent pas le bâti à usage collectif (couloir, garage souterrain, etc.). Pour autant, de par sa sobriété foncière et son respect des espaces naturels, le bâti collectif reste préférable.

Dans le graphique ci-dessus, le bureau d’études BCO2 ingénierie estime ainsi à 55T eq.CO2 la construction d’un logement individuel de 100m². Avec ce ratio de 20% pour l’habitat collectif, c’est donc 66T. Considérant mon logement de 40m², l’empreinte carbone de mon appartement serait donc de 26,4T eq.CO2.

De même, dans sa base Carbone, l’Ademe donne une valeur moyenne de 525kg eq.CO2 par m² de logement collectif. Dans cette hypothèse, mon appartement a une empreinte de 21T eq.CO2.  Je décide de faire la moyenne des deux et de retenir une hypothèse à 23.6T.

Il reste la question de son intégration dans mon bilan carbone. Je propose un amortissement sur 50 ans avec prise en compte complète, soit 472 kg de CO2 par an. 

Déplacements

Je ne possède pas de voiture, mais ne m’interdis pas d’en louer une, ni d’en utiliser dans le cadre professionnel. De fait, je fais l’essentiel de mes déplacements à pied, en vélo ou en train pour les voyages. Car le vélo est le meilleur ami du commerce local. Pour la plupart des français, c’est la section qui plombe vraiment son bilan carbone individuel.

Même si les bilans carbone attribuent une empreinte à la pratique du vélo, à cause de l’apport calorique nécessaire, j’inscris celle-ci dans le cadre de mon régime, de sorte que je ne me nourris pas spécifiquement pour faire du vélo, voire en profite pour maigrir, de sorte que laisse cette empreinte à zéro. Par chance, j’habite à 400m de mon travail.

En 2021, le fait marquant est mon déménagement, pour lequel j’ai d’abord loué une voiture pour mon pré-déménagement à 500km de chez moi, puis le véritable déménagement durant lequel j’ai parcouru 1000 km A/R avec un camion caisse de 20m3. 

Je valorise également 300km de déplacements professionnels réalisés pour l’essentiel en covoiturage. 

Pour les loisirs et mon entretien d’embauche, j’ai parcouru 3000 km en train. 

MoyenDistance annuelleEmpreinte / 1000 kmTotal
Vélo/Marche30000
Voiture / camion1800150270
Train (TER)30003090
360

Axe d’amélioration : L’usage de véhicules thermiques est sporadique, essentiellement contraints par des circonstances extérieures. Les véhicules électriques n’étaient pas adaptés à mes besoins. Je ne vois guère d’amélioration possible de ce côté là. 

Alimentation

En 2020, dans le cadre d’un régime alimentaire qui m’avait permis de perdre entre 25 et 30 kilos, j’avais entrepris de noter tout ce que je mangeais et de le peser. A partir de cette méthodologie, en y ajoutant l’empreinte carbone des produits, j’ai pu également évaluer l’impact de mon alimentation et réaliser un bilan carbone alimentaire 2020.  En 2021, je n’ai pas été aussi scrupuleux dans mon observation, je me suis arrêté en juillet, ce qui me donne néanmoins des tendances pour calculer mon empreinte carbone alimentaire.

Ma cuisine est assez routinière. Le matin c’est un café avec du porridge systématiquement en semaine, du pain avec du beurre de cacahuète le weekend. D’ailleurs la question du petit déjeuner est un aspect encore trop sous-estimé comme j’essaie de le montrer dans cet article. Le midi, ce sera essentiellement une quiche ou du riz/des pâtes avec des légumes. Le soir c’est de la soupe avec du pain en hiver, des salades froides en été. 

Je me suis fixé un objectif de 10 kilos de viande, y compris poisson, que j’ai tenu. Je mange peu de viande brute, sauf au restaurant ou lors de repas de famille. Chez moi, l’essentiel de la viande vient de plats transformés comme des croque monsieur, des pizzas, des crêpes salées. Les protéines végétales complètent mon alimentation. Sur la question du poisson, j’en mange essentiellement chez mes parents, puisqu’ils habitent une cité côtière célèbre pour sa pêche. D’ailleurs, avez vous envisagé de réduire votre consommation de poisson ?

Hormis la viande, j’utilise des oeufs pour cuisiner des quiches et des cakes. je mange un peu de fromage, essentiellement râpé ou à tartiner. Peu de beurre.  Je me suis un peu lâché sur les yaourts, mais c’est plutôt bénéfique car ils m’évitent de manger des biscuits chocolatés plus caloriques et carbonés. 

L’essentiel de mes glucides vient du pain, des féculents, des céréales (avoine), mais aussi de biscuits chocolatés ou non.  Il reste quelques produits divers qu’il n’était pas utile de rentrer dans le tableau. Leur empreinte reste marginale.

Je mange beaucoup de légumes grâce à l’AMAP dont je suis adhérent, ce qui me force à manger environ 4 kilos de légumes par semaine, y compris des légumes que je n’aurais pas acheté sinon. J’achète un peu de complément en fonction des besoins.

ProduitPrécisionkg/moiskg / an EmpreinteTotal
Légumesvariés172000,5100
Fruitsvariés7,5900,545
GrainesAmande, cacahuète0,56530
Viande(dt produits préparés)0,581080
Poissondt surimi0,44,5732
Oeufsbio fermiers0,562,817
Laitfromage, beurre, etc0,561060
YaourtCrème, flan, gâteau riz6,5802160
Protéines végétaleslentille,, tofu1120,56
Paindt biscotte5600,742
Patatebio fermiers3360,932
Pâtesdt nouilles,0,6581,714
Riz / Avoine 3361,243
Plats transformésPizza, Crêpes, croque monsieur, conserves2,5304120
Biscuits div Langue de chat, palmiers2255125
Café0,6589,475
Soja Crème / lait6,5800,540
Biscuits chocolatM&Ms, cookie, brownie112784
Chocolattablette / poudre0,5618108
Sucre0,2531,13
huileolive / tournesol0,25326
Boissons sans alcoolJus de pomme, soda4500,525
Boissons alcooliséesVin, bière, cidre1,5201,224
Pâtisseriegâteaux, viennoiseries112560
1231
BioBio Vrac

Je bois peu d’alcool, c’est plutôt social. Je bois beaucoup de lait de soja (pour mon porridge) et du jus de pomme. Niveau café,j’en bois 3 tasses par jour, dont 2 au boulot (cafetière collective), ainsi qu’un demi litre de chaï chaque jour. Je ne la compte pas dans le tableau, mais je bois environ 2.5L d’eau du robinet chaque jour.

Sur le même sujet :  Pour une écologie numérique - Eric Vidalenc

Pour l’empreinte, j’utilise agribalyse, mais j’ai parfois fait des mix selon les quantités de produits utilisés pour simplifier le calcul. Ce n’est valable que pour moi donc. Idem pour les calculs de quantité, qui sont des ordres de grandeur et ne reflètent en rien la consommation standard. Certains items se recoupent (notamment plats transformés et viande)

Axes d’amélioration : Je peux très clairement faire des efforts sur le café et le chocolat, mais aussi sur les yaourts et les biscuits, voire réduire encore un peu plus la viande. La tonne d’empreinte carbone alimentaire est largement accessible en évitant les encas pour préférer les fruits.

Consommations diverses

Mon déménagement a impliqué de nombreux changements dans mon mode de vie, qui se sont répercutés dans mes achats. Il faut noter également l’influence de la crise sanitaire, qui implique un isolement social durant une grande partie de l’année 2021.

En fait, l’essentiel des meubles et du textile de maison que je possède a été acquis en 2019 à l’occasion de mon installation dans mon propre appartement (8 ans en colocation). Il faut également considérer l’amortissement (sur dix ans) du mobilier essentiellement IKEA : canapé textile, fauteuil, table en bois, 2 chaises, lave linge, bouilloire, table basse, étagère, penderie de 1.5m de long, table de chevet. En 2020, j’avais acquis une console vidéo d’occasion, des livres et des jeux de société/vidéo, un vélo d’appartement et une cafetière dolce gusto. 

Parmi les consommations diverses, nous pouvons distinguer

  • Le numérique : acquisition d’un téléviseur 32cm, abonnement à Netflix & xbox game pass, passage à la fibre. L’acquisition de la télévision est en réalité bénéfique, car je renonce à l’usage et au remplacement d’un vidéoprojecteur en fin de vie beaucoup plus énergivore (250 Wh) 
  • Le textile : remplacement d’une partie de ma garde robe suite à mon régime
  • l’ameublement : achat en occasion d’un réfrigérateur, d’une plaque à induction,  deux armoires de cuisine. Achat d’une bibliothèque et d’un meuble bas (Kallax)  neufs. 
  • Les médias : beaucoup de livres, un jeu vidéo d’occasion. J’ai également reçu deux gros jeux de société. (plusieurs kilos chacun, des figurines en plastique)
  • Divers : des caisses en plastique pour ranger, des accessoires de cuisine et de ménage, un matelas neuf synthétique + mémoire de forme, une lampe

La meilleure manière de considérer le mobilier dans un bilan carbone individuel est de l’amortir sur plusieurs années, pour refléter son usage. Cela signifie aussi que, passée cette durée d’amortissement, certains objets ne compteront plus dans l’empreinte carbone. Par exemple, mon lit et mon ordinateur, achetés en 2015, ne sont plus pris en compte. Il en est de même pour le mobilier de cuisine acheté en 2021, qui avait probablement plus de 5 ans.

Il manque beaucoup de données sur ce genre de produits. J’ai parfois un peu improvisé en m’inspirant d’objets pour lesquels j’avais des empreintes carbones. J’ai même parfois pris des empreintes américaines, alors que les ACV ne sont pas comparables, notamment à cause des différences de mix électrique. Ces approximations sont signalées par un *

Axe d’amélioration : Acheter son mobilier neuf donne plus de cohérence, mais se paie par une empreinte carbone forte. Pour autant, je ne regrette pas cette dépense. Sur le textile, j’essaie d’investir dans des vêtements plus durables avec une empreinte carbone maîtrisée (Loom, Asphalte). Sur L’électronique, je reste raisonnable, mais vais acheter un nouveau téléphone cette année (l’ancien a 5 ans). 

ObjetAnnée AcquisitionEmpreinte CarboneDurée amortiAmorti annuel
Canapé tissu convertible20192041020,4
Fauteuil tissu201943104,3
Matelas synthétique202134103,4
2 chaises bois / tissu201924102,4
table en bois 4 places20191301013
Étagère moyenne201918101,8
Étagère petite*202110101
Table de chevet*201910101
Table basse*201920102
Penderie*20191001010
Bibliothèque Bois / verre*20211001010
Lave Linge20195405108
Bouilloire2019751,4
Cafetière201950510
Lampe de chevet*20203056
Lampe sur pied*202150510
204,7

L’amortissement est un mauvais moment à passer. D’ici quelques années, si je ne change pas d’avis et de goût, j’aurais une empreinte très faible sur mon ameublement de maison. Heureusement que j’ai des goûts simples en décoration.

ObjetAnnée AcquisitionEmpreinte CarboneDurée amortiAmorti annuel
1 manteau d’hiver202078326
1 veste de vélo20213657,2
1 paire de bottines20211527,5
1 paire de sneakers20211829
1 paire de baskets20211929,5
1 paire de pantoufles*202110110
Casquette *20212054
4 pantalons chino2020-2160320
2 jeans202150316,5
8 chemises2020-21104335
1 veste de costume 202030310
3 pulls cachemire2020-21160353
5 pulls coton2020-2155318,3
6 T Shirts2020-2142314
2 bermudas*20212036,6
3 polos 2020-2130310
Draps de lit coton*201950510
266,5

Je suis assez frustré du chiffre de 170 Kg de co2 retenu par Carbone 4, alors qu’un rapport de l’Union des Industries du Textile retenait un chiffre de 442 kg à partir d’hypothèses et d’analyses ACV. Avec ce premier chiffre, même une garde robe réduite semble déjà disproportionnée (j’ai laissé de côté quelques pièces déjà amorties). Dans un rapport sur le sujet, France Nature Environnement recommandait de ne pas posséder plus de 40 pièces et de n’en acheter que rarement.  Un chiffre trop bas me semble contre-productif pour passer à l’action.

ObjetAnnée AcquisitionEmpreinte CarboneDurée amortiAmorti annuel
Télévision2021371574
Box internet2021115523
ordinateur201512450
smartphone2019 (occaz)3350
console xbox2020 (occaz)10250
25 livres202130130
2 jeux de société*202140313,3
140,3

Cette section manque d’exhaustivité faute de données disponibles. Je ne sais pas comment calculer la paire de lunettes en bois acquise en 2020 par exemple. Mais il faudrait aussi considérer les produits cosmétiques et ménagers : savon, dentifrice, parfum, vinaigre ménager, détergent, voire les médicaments, les mouchoirs en papier, les éponges. Même question pour une assiette, un coffre en osier ou une carafe (véritables achats récents)

Aspects positifs

Certains aspects de mon mode de vie ne sont pas vraiment valorisables, alors qu’ils pourraient avoir un effet positif sur mon empreinte carbone ou plus globalement sur l’impact environnemental de mes choix de consommation. 

L’objectif principal doit être de diminuer toutes ses externalités, y compris celles dites grises de l’extraction des matériaux dans des pays étrangers, où l’assemblage de nombreux produits indispensables à notre consommation quotidienne a été délégué au fil des ans. La réindustrialisation de la France, avec sa nécessaire progression vers des modes de production plus durables, est une autre étape nécessaire de la transition écologique.

J’en listerai 5 principaux 

  • Le zéro déchet, qui ne se résume pas à vivre sans emballages, est une stratégie globale de renoncement et de réduction, avant de viser le réemploi et le recyclage. J’ai la chance de pouvoir acheter beaucoup en vrac, tant pour les fruits et légumes que pour d’autres produits d’épicerie.  L’impact de la réduction des emballages est faible (-100 kg de co2 selon Carbone 4), mais c’est sa transcription dans les choix de consommation qui fait toute la différence. Composter ses déchets aide aussi, et j’aimerai avoir des toilettes sèches également
  • L’épargne, car l’argent a aussi une empreinte carbone. Oxfam soulignait il y a quelques années que placer son argent dans une banque pratiquant l’évasion fiscale, la spéculation et le soutien aux énergies fossiles revenait à multiplier par 5 l’empreinte de son épargne. Ce rapport considère que tout argent placé soutient des activités, donc génère un impact environnemental, mais soutenir des activités vertueuses pourrait être considéré comme une épargne réduisant l’empreinte carbone. Or, avec Le Crédit Coopératif et Energie Partagée, je suis assurée que l’usage de mon argent est bénéfique.
  • La consommation locale et bio, car je considère comme indispensable la transition vers une agriculture respectueuse du vivant, la baisse des rendements étant largement compensée par l’arrêt de l’élevage intensif. C’est pourquoi je suis abonné à une Amap et fréquente une épicerie vrac bio. Il faudrait presque citer le flexitarisme comme autre aspect positif tant celui-ci est vecteur de changement sociétal.
  • La recherche d’alternatives solidaires et sociales, puisque vous avez le choix de soutenir les dividendes des actionnaires ou le pouvoir d’achat de petits producteurs engagées pour le bien commun. C’est pourquoi j’ai fait le choix d’Enercoop pour mon abonnement électrique et de Telecoop pour le téléphone (et bientôt Internet)
  • Le choix du vélo et du train pour se déplacer ne se limite pas à l’empreinte carbone, mais aussi à la diminution de la pollution de l’air et du bruit, à la sécurité en ville, au coût d’infrastructures fragmentant les espaces naturels, aux matériaux nécessaire à la fabrication et l’entretien des automobiles. 
Sur le même sujet :  Les enjeux de l'empreinte carbone

Vivre bas carbone au quotidien 

Cet exercice s’inscrit dans la continuité de ma recherche de solutions concrètes pour décarboner les communes et nos modes de vie. En calculant mon empreinte carbone, alors que je n’ai pas l’impression de me priver de quoi que ce soit, je veux prouver qu’il est possible de concilier vie saine et épanouissante. Certes, je n’ai pas des consommations extraordinaires, la sobriété étant partie intégrante de mes valeurs et de mon quotidien. Je n’ai pas de voiture, je ne prends pas l’avion, je voyage localement, j’achète beaucoup en bio et en vrac, je ne chauffe pas à 23°C chez moi  et je n’achète pas mes vêtements chez Primark. Pour autant, je me sens heureux .

Je ne me prive pas, je suis juste raisonnable sur ma consommation parce que j’agis en connaissance de cause. Connaître l’impact réel de ses actions change la perspective et facilite le passage à l’action. C’est ce qui m’a aidé à réduire le café et le chocolat. Savoir me rend plus puissant au quotidien parce que je suis libre de mes choix. 

Je ne pars pas en vacances exotiques, mais je découvre de superbes paysages en France, découvre des cultures locales, du patrimoine dont je n’entendais parler que dans les livres d’histoire. Il n’y a pas besoin de prendre l’avion pour s’émerveiller. Je mange peu de viande, mais je ne suis pas faible pour autant ni n’ai de carences. De même, je ne pense pas qu’il faille arrêter totalement la viande, mais être raisonnable sur les quantités.

Je ne suis pas insouciant, je ne m’amuse pas en permanence. Parfois j’ai froid chez moi et j’aimerais manger ce qui me fait plaisir. Il peut m’arriver de rêver devant de beaux voyages ou de regretter de ne pas avoir un ordinateur de gamer, mais je ne suis pas malheureux de choix de vie réalisés en toute conscience. Si demain on m’offrait 20 000 euros par mois pour vivre une existence fortement carbonée, je refuserai, car je n’y trouverai aucune satisfaction. J’aime ma vie bas carbone, abandonner des options nuisibles, renoncer à faire le mal est proprement libérateur

J’ai conscience que ce n’est pas possible pour tout le monde. Je fais le choix de toujours vivre à proximité de mon travail pour ne pas avoir de voiture, mais c’est plus difficile en couple, tout comme les enfants rendent souvent nécessaire une voiture à la campagne Le coût prohibitif des véhicules électriques, couplé à l’échec du déploiement des IRVE pour les alimenter, n’arrange rien. De même, loger dans une passoire thermique avec un chauffage au fioul ou au gaz peut arriver à tout le monde. Les aides pour les travaux ne sont pas encore suffisantes eu égard à l’urgence de la situation et au manque de préoccupation des pouvoirs publics à ce sujet jusque là. La transition doit également être sociale pour être équitable, et proposer aussi bien un accompagnement méthodologique que financier pour soutenir le passage à l’acte de tous.

Certains diront que je suis un martyr parce que je ne voyage pas loin ou ne mange pas tout ce dont j’ai envie. Mais agir en connaissance des limites à son action, de manière à ne pas excéder ses capacités, c’est plutôt pour moi une manifestation de sagesse.

Analyse des résultats 

Reprenons les chiffres moyens de l’analyse 2022 de Carbone 4, en moyenne :

  • Les mobilités représentent 2650 Kg CO2, et 360 Kg dans mon cas, soit une baisse de 85% dans mon cas. Avoir renoncer à l’avion et ne pas posséder de voiture a un effet considérable, mais j’ai l’avantage de pouvoir vivre et travailler en ville. 
  • L’alimentation représente 2350 Kg CO2, et dans mon cas  1231 Kg, soit une diminution de 48%. La stricte limitation de la viande (10% de la consommation moyenne française) explique l’essentiel de la baisse. 
  • Le logement (énergie & construction) représente 1900 Kg CO2, et dans mon cas 744 kg, soit une diminution de 60%. Ne pas se chauffer au gaz ou au fioul est une source d’économie évidente. La sobriété électrique fait le reste.
  • Les biens de consommation représentent 1600 kg CO2, et dans mon cas 613 kg, soit une diminution de 60%. .La sobriété textile est très mal valorisée dans le graphique Carbone 4, mais me paraît un axe d’amélioration évident.
  • Les services publics sont un invariant valorisé à 1400 kg eq.CO2 pour tous. Ils deviennent ainsi la principale source de GES de mon mode de vie. 

Je suis assez surpris parce que le principal calculateur d’empreinte Carbone, nos Gestes Climat, me donne une empreinte de 3.4T de CO2. Cela montre encore l’ampleur des précisions à intégrer dans les calculateurs grand public pour donner des ordres de grandeur significatifs et représentatifs

Conclusion

Calculer son Bilan carbone individuel n’est jamais anodin, c’est un rappel que tout ce que nous faisons a un impact environnemental. Pour autant, si cela aide à prendre conscience, il ne faut pas non plus que cela devienne étouffant et nous empêche de vivre. L’exercice mené n’est pas facile, il faut connaître ses habitudes, les noter, être minutieux et exhaustif. Sans mon travail sur l’alimentation, qui est un peu chronophage (1h par mois minimum), je n’aurais pas pu l’entreprendre. 

Sur l’année 2021, l’empreinte carbone sur laquelle je peux agir représente environ 3 tonnes de Co2. Au total, en y incluant l’empreinte des services publics, y compris ceux dont je n’ai pas besoin, j’atteins les 4.4 tonnes.  Ai-je encore des leviers d’action pour atteindre les 2 tonnes préconisées ? 

Pas vraiment, même si je possédais un logement – que je devrais amortir dans mon empreinte – ma sobriété fait que mes gains seraient réduits. Éventuellement, il me faudrait rénover un logement déjà amorti ou construire en matériaux biosourcé pour limiter cet impact. Sur le plan alimentaire, même flexitarien, je ne pense guère pouvoir réduire de plus de 20% mon empreinte alimentaire, sauf à renoncer à ces menus plaisirs gustatifs. J’aime beaucoup le pain et les fruits, mais contrairement à Epicure, je ne pense pas être encore prêt à m’en contenter. Enfin, en matière de biens de consommation, ça devrait diminuer de moitié d’ici quelques années avec l’amortissement de mon mobilier (si j’en prends soin) et l’acquisition de vêtements plus solides et mieux sourcés. 

Au final, j’estime pouvoir passer en-dessous des 4 Tonnes en deux ans avec quelques efforts supplémentaires, et pouvoir viser les 3,5 tonnes moyennant de lourds investissements de ma part. Bref, la transformation doit être collective et s’incarner aussi bien dans les services publics que dans l’industrie. C’est la limite du calcul du bilan carbone individuel, qui ne doit pas dédouaner les prestataires et fabricants de leur propre responsabilité. 

En effet, ce calcul ne prend pas systématiquement  en compte l’énergie grise de la production, et ce même si j’ai essayé dans la mesure du possible d’utiliser des données exprimées en analyse de cycle de vie. L’impact environnemental ne se limite pas non plus au seul réchauffement climatique, la consommation d’eau et de terres par exemple n’est ici pas considérée et devrait faire l’objet d’une évaluation complémentaire si je voulais être exhaustif. C’est notamment ce facteur qui est calculé dans le jour du dépassement, et dans le cadre duquel nous pouvons constater que la sobriété carbone ne rime pas forcément avec sobriété environnementale. Par exemple, une ampoule LED a des impacts environnementaux supérieurs à une ampoule classique. 

Dans la recherche d’efficacité environnementale, le paradoxe est omniprésent. Il ne faut pas se torturer à ce sujet, mais plutôt réclamer une transformation sociétale de notre rapport à la consommation, de nos modes de production et de traitement des déchets. Sans exemplarité des administrations et industrie, les injonctions individuelles n’auront que des effets retardants sur l’indispensable action climatique.  L’effort individuel est indispensable, mais le véritable changement est collectif.

Méthodologie & Références

Ce travail d’introspection carbone est le fruit d’un long travail de calcul, notamment de mon alimentation, et de recensement sporadique des achats marquants. La rédaction en tant que telle de ce bilan carbone individuel m’a pris une quinzaine d’heures. C’est un travail accessible à tous, je ne suis pas formé au bilan carbone, je ne fais que mesurer ma consommation à partir de données librement accessibles.

Je m’exprime systématiquement en Kg équivalent CO2, c’est à dire que les différents gaz à effet de serre impliqués sont convertis en CO2, qui est considéré comme l’unité étalon de l’effet de serre.

Dans la mesure du possible, j’utilise la méthodologie dite Analyse des Cycles de vie, pour laquelle ce sont l’ensemble des impacts environnementaux qui sont considérés, et ce dès l’extraction des matériaux jusqu’à la gestion des produits et composants en tant que déchets, c’est ce qu’on appelle le cradle-to-grave (du berceau à la tombe). Cela peut expliquer les différences de résultat avec les simulateurs. 

Il est possible que je simplifie ou généralise certains résultats. Je ne prétends pas à la précision ultime et à l’exhaustivité des résultats. Je ne suis pas un scientifique, mais un amateur éclairé, travaillant néanmoins dans la transition écologique des communes, et donc sur la mise en œuvre d’outils accessibles à tous. A ce titre, j’espère que ma démarche sera réplicable et vérifiable par d’autres. 

L’essentiel de mes indicateurs vient soit de la base Bilan-Ges de l’Ademe, soit de la base Agribalyse, elle aussi gérée par l’Ademe. Merci à eux pour leurs données. 

Pour le reste, quelques documents ayant contribué à mes données (février 2022) :

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Nicolas Falempin

Cadre de la fonction publique territoriale spécialisé en protection de l'environnement.  Mélange droit public, transition écologique et tasses de café pour créer un blog concret sur la transition des territoires.

2 réflexions sur “Mon bilan carbone individuel 2021

  • 15 février 2022 à 0 h 01 min
    Permalien

    Excellent article, merci !
    Avez-vous comparé les résultats à d’autres calculateurs de CO2 ?
    Bonne suite,
    Matthieu

    Répondre
    • 15 février 2022 à 8 h 43 min
      Permalien

      Bonjour, j’ai aussi testé le simulateur suisse de wwf : https://www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique qui me donne une empreinte carbone de 5,27, considérant que leur mix électrique est plus carboné (donc mon chauffage électrique m’y désavantage) et leur niveau de vie supérieur tend à surévaluer l’impact de leur conso. Je connais l’équipe de nos gestes climat, et j’ai plutôt confiance en eux. Je voulais juste leur rappeler qu’ils ont besoin d’une version avancée.

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