Quelles mesures d’urgence pour le Climatvirus ?
Jeudi 5 mars, le collectif Notre Affaire à tous, rendu célèbre pour sa pétition à deux millions de signature et son dépôt de plainte contre l’Etat Français pour inaction climatique, a dévoilé un nouvel indicateur : le jour du dérèglement. Concrètement, depuis le 5 mars, la France a atteint le seuil à partir duquel toutes ses émissions dépassent les objectifs de neutralité carbone qu’elle s’était fixée durant la COP21. Le Climatvirus frappe déjà durement la société française.
Un traitement médiatique dont aurait besoin l’urgence climatique
Or, depuis deux mois, le regard de la société française reste braqué vers l’évolution de la propagation du covid-19. La plupart des médias ne parlent que de ça, du nombre de contaminés, du nombre de mort, de l’impact sur la pollution de l’air ou les émissions de gaz à effets de serre. Voire des enjeux financiers et économiques de l’effondrement de la production chinoise, des restaurants chinois désertés, de la ruée sur les rayons alimentaires dans les zones où apparaissent des cas, de la pénurie de masques et de la flambée des prix des gels hydro-alcooliques, etc.
Dans le même temps, nous pourrons faire le bilan de toutes les mesures mises en oeuvre par les gouvernements pour tenter d’enrayer sa propagation : annulation de manifestations culturelles, sportives ou sociales, fixation en urgence des prix de certains produits, réquisition de produits médicaux et de centres de production, fermeture des écoles, déblocage de fonds, déploiement de personnel militaire, et probablement encore bien d’autres à venir.
Concrètement, nous vivons covid-19, nous en parlons en famille, entre amis, entre collègues, nous le voyons dans les journaux papiers et télévisés, nous l’entendons à la radio, sur le web, et ses effets sur l’organisation de notre sociétés.
Pourtant, bien que cette épidémie soit un drame pour ceux qui en sont victimes, elle est plus que cela. Il est très probable que dans quelques mois, nous nous en rappellerons comme d’une grosse grippe, plus mortelle que la grippe saisonnière. Elle aura peut être même tué des centaines de milliers de personnes, dont des proches. Mais elle aura surtout permis de constater l’absence d’anticipation à ce genre de risque systémique d’un système hospitalier dont se sont désintéressées les finances publiques françaises. Concrètement, elle aura pointé du doigt l’absence de résilience de la société française.
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Nous pouvons empêcher le réchauffement climatique
Mais le vrai drame est ailleurs. Toutes ces mesures mises en oeuvre, ce sont celles qui auraient été nécessaires pour respecter les accords de Paris et transformer nos sociétés pour rester si possible en dessous des +1.5° de réchauffement depuis le début de l’industrialisation, voire les +2°. Si le changement climatique s’appelait climatvirus, il aurait peut être déjà été éradiqué.
Car l’épidémie de covid-19 nous montre que les Etats ont bel et bien la capacité de lutter contre les dérèglements climatiques. S’ils le voulaient, ils pourraient créer de l’argent pour financer la transformation radicales de nos modes de vie et l’adaptation aux effets de ces dérèglements. Ils pourraient fournir du personnel pour faciliter les choses, adopter des ordonnances et lois en faveur de cette dynamique. De même, les médias, pourraient en parler tous les jours en une, sans que cela ne semble lasser le lecteur.
Mieux encore, cette épidémie nous montre l’acceptation sociale que l’urgence sanitaire suscite parmi la population française. Peu de contestation des mesures d’urgences, pas de tribunes estimant que le gouvernement va trop loin, pas d’opposition politique ou médiatique. Nous savons qu’il nous faut endiguer cette crise tous ensemble.
Pourtant rien n’est fait, alors qu’il y a un consensus scientifique pour affirmer que nous devons mettre en oeuvre ces changements maintenant, que les 5 prochaines années vont être déterminantes pour le futur de l’Humanité. Et, dans quelques dizaines d’années, quand nous connaîtrons des pics de chaleur estivaux et des sécheresses bien pires – plus longues et plus fortes en fait – que celles des dernières années, il sera déjà trop tard pour déclencher des mesures d’urgences.
Les solutions contre la propagation du climatvirus existent déjà localement
Pour l’enrayer, nous avons besoin de toutes ces mesures. Nous devrons limiter certaines activités – de transport, de construction, de production de produits carnés, polluants ou à obsolescence rapide, limiter la consommation d’eau, de gaz et d’électricité des ménages, mais aussi financer la rénovation des passoires thermiques (et pas seulement les F et G) et la mise en place d’infrastructures de transport en commun, améliorer le fonctionnement des manifestations qui ne se soucient pas de leur bilan carbone – quitte à les annuler tant qu’elles n’ont pas opéré cette transition – et bien d’autres choses encore.
Le changement climatique est une épidémie. Une épidémie d’émissions de Gaz à Effets de Serre. Mettons en oeuvre dès maintenant, notamment à travers les municipales puisque le gouvernement semble ignorer le problème, le pacte pour la transition citoyenne fournissant par exemple un guide des 32 mesures prioritaires – les solutions nécessaires pour prévenir sa propagation.
Alors, on l’éradique ce climatvirus ?