Famille en transition écologique – Jérémie Pichon

Jeremie Pichon s’est fait connaitre avec le récit de la transition de sa famille vers un mode de vie zéro déchet. Il y expliquait aussi bien l’enthousiasme que les doutes, sans rien cacher. Ce livre a permis de démocratiser cette tendance en montrant qu’elle était accessible à tous, même aux familles. Dans Famille en transition écologique, il reproduit à sa sauce le récit de Colin Beavan qui se rêvait un No Impact Man en 2009.

Dans ce nouveau livre, il fait le constat que le mode de vie zéro déchet ne suffit pas pour réduire son impact écologique, ou en tout cas climatique. De fait, la réduction de l’empreinte carbone du ZD est assez faible, surtout à l’échelle individuelle. De cette double prise conscience – avec celle de l’urgence climatique – il décide donc d’aller plus loin.

Or, comme il le montre bien, notre impact est bien souvent caché. Caché dans la surexploitation des ressources par exemple : eau, énergie, matières premières. Ce qui se conjugue aux méfaits d’une finance dérégulée, qui pousse au statu quo. Comme par exemple avec l’économie circulaire ou le développement durable, qui ne changent les choses qu’à la marge. Il en rejette la faute sur un système politique hostile au changement, notamment de leader.

Mais là où ce livre innove, c’est dans le calcul de l’empreinte carbone. En effet, il ne se contente pas de reprendre les habituels chiffres de l’insee. Il leur rajoute le calcul carbone des finances. Il estime ainsi à 700g eq.CO2 l’impact d’un euro placé en banque en moyenne. Ce chiffre, issu d’un rapport des amis de la Terre, résulte de l’impact climatique des institutions bancaires. La société générale ou BNP Paribas, bien impliqués dans l’évasion fiscale, les énergies fossiles et l’extraction minière, contribuent directement à la destruction de la biodiversité. A l’inverse, la Poste ou le Crédit Coopératif, qui ne spéculent pas et financent l’activité locale, voire ESS, ont un bien meilleur impact. Mais entre 1090g/euro pour le Crédit Agricole et 425€ pour le Crédit Coopératif, l’argent reste une source d’émission considérable.

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La transition en solitaire

Pourtant, le reste de son propos s’embourbe ensuite dans le travers habituel de l’auteur. La famille en transition écologie semble dès lors pouvoir agir seule. Comme dans son précédent ouvrage, Jeremie Pichon centre les changements nécessaires sur les individus. Certes, en matière d’alimentation, de transport et d’habitat, il y a de grandes marges de progrès pour atteindre la neutralité carbone. Cependant, ces changements ne relèvent que marginalement de l’individu. A ce propos, l’étude Faire sa Part de Carbone4 estime la transition individuelle a 25% de l’effort nécessaire. Car certains changements sont tout simplement trop coûteux pour être pris en charge par l’individu ou la famille. Et pour ça, rien ne remplace l’action collective et législative. Il le rappelle d’ailleurs en conclusion du livre.

Vous trouverez le récit des expérimentations de la famille en transition écologique sur leur blog.

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Nicolas Falempin

Cadre de la fonction publique territoriale spécialisé en protection de l'environnement.  Mélange droit public, transition écologique et tasses de café pour créer un blog concret sur la transition des territoires.

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