Pour une écologie numérique – Eric Vidalenc

Eric Vidalenc est l’un des experts de l’Ademe en matière d’énergie. Éternel pourfendeur de l’illusion nucléaire et du technosolutionnisme numérique, il signe avec « Pour une écologie numérique » un ouvrage coup de poing sur la nécessaire régulation du numérique au service de la transition.

Une transition qu’il voit double. D’une part l’énergétique, qui nous est imposée par les dérèglements climatiques et le besoin de relocaliser les activités. D’autre part la numérique, que nous apprenons à désirer sous ses formes utiles et somptuaires à grand renfort de marketing.

Deux transitions ambivalentes, les deux pouvant aussi bien se compléter que s’opposer dans leurs finalités. En témoigne par exemple le poids croissant du numérique dans la consommation d’énergie et les émissions de GES. Un poids qui ne va cesser de croître. En effet, l’invisibilisation des aspects matériels du numérique cache une voracité structurelle en ressources, une volonté d’omnipotence , d’omniprésence, a priori peu compatible avec la transition.

Avantage et inconvénients du numérique pour la transition écologique

Pourtant, le numérique peut être utile. Pour gérer les logements et les réseaux, pour produire à la demande. Mais aussi pour améliorer la production agricole et l’organisation des villes. Néanmoins, ainsi que le souligne l’auteur, ce ne sont souvent que des promesses qui tardent à se concrétiser. Le gain du numérique est estimé à hauteur de 10%. Ce qui est assez faible au vu de ses désagréments.

Car la masse de données que nous en récoltons nous masque les véritables changements à opérer. Le numérique est plus prétexte à innovation et croissance économique qu’à adoucir la transition. Il nous empêche de voir le gouffre se rapprocher de nous. Pire encore, il accroît certaines problèmes environnementaux et sociaux, tout en s’imposant à nous sans passer par la case démocratie. En fait, nous expérimentons plus le numérique comme outil de triche pour les multinationales climaticides, comme outil de surveillance pour les gouvernements déconnectés de la population.

Pour une écologie numérique

L’analyse avantage et inconvénients montre que le numérique n’est pas la panacée pour réduire nos GES. Le numérique a trop tendance a effacer son impact matériel et énergétique sur l’environnement. Ainsi, il envahit nos vies en nous vendant du rêve, ce que nous devons empêcher.

Pour être efficace et compatible avec la transition, le numérique doit être régulé. Son écoconception- sa frugalité, durabilité et recyclabilité – doit devenir la norme. De même, il doit s’ouvrir à tous, ou du moins pouvoir être audité de manière à contrôler vraiment son impact et ses usages réels. Sans contrôle citoyen, nous n’en serons jamais que les esclaves, pas les maîtres.

Pour autant, il existe une formidables opportunité de construire une écologie numérique. Ces techniques permettent d’améliorer le partage de l’information et des biens. En outre, il facilite l’organisation des citoyens et pourrait les rapprocher des élites politiques.

De fait, il pourrait améliorer certaines choses, faciliter la transition, tant que les règles précédentes sont respectées. Comme nous le rappelle « pour une écologie numérique », il reste possible d’envisager un numérique écologique, mais là où nous avons besoin de lui, et non là où il pourrait maximiser son emprise sur nos modes de vie. D’ailleurs, les maires ont leur place dans le combat contre l’omniprésence du numérique.

Le blog d’Eric Vidalenc pour creuser encore plus le sujet.

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Nicolas Falempin

Cadre de la fonction publique territoriale spécialisé en protection de l'environnement.  Mélange droit public, transition écologique et tasses de café pour créer un blog concret sur la transition des territoires.

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