20 usages du vélo pour soutenir l’économie locale
Faire du vélo en ville ne concerne pas que quelques citadins particulièrement motivés qui s’en servent pour aller au travail. Le vélo peut être aussi un véritable atout pour votre économie locale en général.
Or, comme nous le rappelait Ivan Illich dans son ouvrage Equité et Energie, nous passons de plus en plus de temps à travailler pour conduire. A l’inverse, avec le vélo, vous pédalez pour travailler, vous amuser, aller voir vos amis, emmener vos enfants, rester en bonne santé, rendre service. Le vélo est un moteur indispensable de l’économie locale pour une commune en transition écologique.
Pour les territoires ruraux, outre l’infrastructure, l’important peut aussi être d’installer un atelier de réparation vélo. Comme nous l’expliquons dans cet article, ce pourrait être un atelier municipal ouvert aux particuliers, qui entretient ainsi les vélos officiant pour le service public et ceux des habitant-e-s de votre commune.
Sommaire de l'article
Faciliter la mobilité de tous
1 – Le vélo pour amener les enfants à l’école
L’Unicef vient de révéler un sondage réalisé par l’institut Harris qui souligne une tendance inquiétante pour la mobilité des enfants. Près de la moitié des enfants habitant à moins d’un kilomètre de leur école y sont déposés en voiture. A l’inverse, le vélo ne représente que 2% des trajets entre le domicile et l’école.
Pourtant, que ce soit avec un siège enfant adapté, avec une remorque, un vélo cargo ou un vélo pour enfants, les possibilités ne manquent pas en la matière. Ce type de déplacement est tout à fait possible et adapté à une vie professionnelle active. Et ce d’autant plus que la remorque ou le vélo cargo peuvent servir à d’autres usages, comme les courses par exemple.
Les principaux freins sont à chercher du côté du sentiment d’insécurité sur la route. C’est à dire d’une part dans une circulation trop rapide, et d’autre part dans un manque d’infrastructures dédiées. Deux aspects que la commune peut prendre en charge pour développer la part modale.
D’ailleurs, ce changement dans les moeurs peut aussi concerner le transport collectif des enfants. Car tous les parents n’ont pas forcément la possibilité d’accompagner leurs enfants à l’école. Remplacer les bus par des rosalies est un moyen astucieux, économique et écologique d’emmener les enfants à l’école sans la présence des parents. De plus, la coordination requise et l’effort minime fournis permettent d’améliorer la concentration des enfants.
2 – Le vélo pour rester en bonne santé à tout âge
Le sport est un atout considérable pour rester en bonne santé malgré un travail parfois trop sédentaire. 30mn de vélo tous les jours, soit 10km de trajet, sont une activité physique suffisante pour se maintenir en forme et prévenir de nombreuses maladies. Tout le corps est sollicité avec modération, et même les capacités cognitives sont mobilisées pour la vigilance et l’orientation.
Ainsi depuis 2012 la ville de Strasbourg, dans le cadre de sa politique volontariste sport santé, finance la location de vélo pour des personnes souffrant d’une affection de longue durée.
C’est pourquoi ses bénéfices sont encore plus évidents pour les personnes âgées. Il permet de faire fonctionner en douceur les articulations, tout en réduisant les troubles cardiovasculaires. De plus, alors que la conduite devient dangereuse avec l’âge, du fait notamment du perte de vigilance, devenir cycliste devient un atout pour la mobilité de nos aînés. Ses bienfaits pour la santé sont aussi un avantage pour un maintien à domicile, puisque l’autonomie est préservée. Ainsi, la pratique du vélo permet de faire des économies aux institutions médicosociales et d’améliorer la qualité de vie des individus en mauvaise santé.
3 – Le vélo pour aider les personnes handicapées
Le handbike n’est pas qu’une discipline olympique pour personnes handicapées aux biceps impressionnants. C’est aussi un véritable moyen de déplacement alternatif pour rester dans une activité physique malgré la paraplégie et pouvoir être autonome dans ses déplacements.
Pouvant s’adapter sur la plupart des fauteuils roulants ou disposant de leur propre structure, les handbikes peuvent servir aussi bien pour la mobilité quotidienne que pour des balades ou de la compétition sportive. Le surcoût peut être assez élevé, de l’ordre de plusieurs milliers d’euros, mais permet une véritable autonomie aux personnes concernées. De plus, l’essentiel de ces frais peut être pris en charge par le département dans le cadre de sa prestation de compensation du handicap.
En outre, cela permet d’éviter d’avoir recours à des services de mobilité dédiés, et donc de les rendre disponibles pour des handicaps incompatibles avec le handbike.
4 – Le vélo pour les personnes sans permis
Dès son invention, le vélo s’est révélé un formidable outil pour émanciper les personnes contraintes dans leur déplacement. En premier lieu les femmes, qui ont plus de mal à accéder à la mobilité motorisée, soit par contrainte règlementaire, soit par construction sociale. Avec un vélo, sans formation, et avec une relative aisance, il devient possible de quitter son quartier, d’accéder à de nouveaux lieux et de nouvelles sociabilités.
Actuellement, le vélo école est particulièrement utilisé dans le cadre de la politique de la ville. En effet, les femmes y résidant sont généralement isolées car n’ayant pas de permis, et les quartiers peuvent être assez mal desservis par les transports en commun. Dès lors, l’apprentissage du vélo facilite leur découverte de la ville et leur insertion sociale, notamment pour les immigrées, mais aussi professionnelle.
C’est d’autant plus important que cette mobilité se fait de manière autonome par rapport à la tutelle masculine. Le vélo acquiert ce faisant une véritable dimension féministe à considérer dans les politiques publiques d’égalité des genres.
De même, pour les adolescents ou les personnes ayant perdu leur permis, le vélo peut être une alternative largement préférable à une voiture sans permis. Il est moins cher et plus modulable.
Soutenez Solutions Locales sur TipeeeFaciliter les activités économiques urbaines
5 – Le vélo pour l’artisanat de proximité
Depuis quelques années, de plus en plus d’artisans abandonnent l’utilitaire pour se tourner vers un vélo. Dans les villes densément peuplées, il peut en effet être difficile de se garer avec un utilitaire, et la vitesse de circulation assez faible, les bouchons des périphériques, rallongent des journées déjà chargées. Le vélo évite ce double écueil tout en offrant une capacité de charge suffisante pour amener du matériel, voire des équipements. C’est assez surprenant la première fois, mais une chaudière peut tout à fait être installée par un chauffagiste venu en vélo.
En plus, le vélo coute moins cher que l’utilitaire, et donne une image positive, dynamique et soucieuse de l’environnement de votre entreprise. Et avec moins de temps perdu sur la route, c’est aussi plus de clients, donc une entreprise florissante.
En outre, une association nationale s’est montée pour accompagner et soutenir cette transition. Les boites à vélo est ainsi bénéficiaire d’un programme gratuit de formation, voire de financement, à l’entreprenariat en vélo. Vous pourrez aussi y rencontrer d’autres professionnels de votre secteur professionnel ou géographique pour encore plus d’entraide.
Dans ce guide, vous trouverez de nombreux conseils pour adapter votre activité à l’usage d’un vélo.
6 – Le vélo pour transporter des objets
Ainsi, l’une des activités professionnelles les plus évidentes pour le vélo est celle de transporter des objets. Les sociétés de transport se sont emparées depuis longtemps de cette possibilité soit en offrant un service vélo, soit en créant de nouvelles structures. Ce sont les mêmes arguments que pour les artisans. Dans les grandes villes, ils sont plus rapides pour se déplacer et se garer, polluent moins et font moins de bruit. Dans cet article, le gérant d’une société parisienne de coursiers assure pouvoir faire 5 livraisons par heure en vélo, contre 3 en camion. D’ailleurs DHL s’y est mis aussi dans les grandes villes.
Les triporteurs de la photo du dessus permettent ainsi de nombreux usages. Avec une assistance électrique, le volume de la caisse peut monter jusqu’à 4 ou 5 m3 et la charge utile atteindre les 500kgs pour les meilleurs VAE. C’est largement suffisant pour la plupart des usages, et il est même possible d’adapter la caisse pour les palettes.
Il est donc logique que cela puisse aussi donner lieu à des déménagements en vélo. En cargo, ou en remorque autotractée ou non, à peu près tout votre mobilier peut passer. C’est là encore un moyen plus écologique et sans surcoût de faire vos déménagements en zone urbaine dense.
7 – Le vélo pour la logistique du dernier kilomètre
La logistique du dernier kilomètre est l’éternel souci de nombreuses entreprises locales. En effet, il est relativement facile de déplacer des produits sur de longue distance, même avec un impératif écologique. Train, Ferroutage, cargo et péniches permettent de bien diminuer l’empreinte carbone de la distribution. Mais arrivé en périphérie des villes, les choses se compliquent. Il faut distribuer de petites quantités de marchandises à de nombreux clients. C’est une activité chronophage, polluante et coûteuse.
De nombreuses initiatives visant à concilier livraison de fret et protection de l’environnement ont échoué, faute de rentabilité. La ville de Nijmegen, aux Pays-Bas, a construit un modèle original de hub logistique basé sur les vélo cargos. D’une part, ce n’est ni une entreprise, ni une administration, mais une association, ce qui évite toute recherche de rentabilité ou distorsion de concurrence. Ce qui suppose d’autre part d’offrir d’autres services pour offrir des prix bas en restant rentable : stockage, nettoyage des camions, collecte des déchets, prise en charge des retours pour les sites web, etc. Et surtout, ils ont démarché les magasins plutôt que les distributeurs. Ainsi, puisque le hub peut stocker la marchandise et livrer selon les disponibilités des commerçants, leur service est pratique à l’usage. Il revient alors aux commerçants de proposer à leurs fournisseurs de passer par le hub.
A Strasbourg, un partenariat entre la ville et la société ULS a permis de mettre sur pied un service de livraison des commerçants innovants. Les marchandises arrivent au port du Rhin, soit par camion ou péniche, puis sont chargées dans une péniche qui va jusqu’au centre ville de la capitale alsacienne. Là, des vélos électriques emmènent les palettes pour les amener jusqu’aux commerces destinataires. Avec une capacité de fret de 180kg, ces vélos peuvent aussi bien transporter des fûts de bière, du mobilier, et même des gros colis. Au retour, ils ramènent des déchets des commerçants jusqu’à la péniche, qui finira sa course près du centre de tri. De la sorte, ce sont des dizaines de camions qui à terme n’auront plus à rentrer dans le centre de la ville pour des livraisons parfois minimes. Il s’agit d’une belle transposition de l’exemple hollandais.
8 – Le vélo pour l’agriculture urbaine
L’agriculture urbaine se développe de plus en plus dans les communes françaises. Face à une raréfaction des surfaces agricoles de par l’étalement urbain, la reconquête des friches urbaines devient une nécessité. D’autant plus qu’entre le risque de rupture logistique et de baisse de la productivité agricole, nous devons sécuriser l’approvisionnement alimentaire. Or, pour votre économie locale, le développement de l’agriculture urbaine est parfaitement compatible avec le vélo.
Des ingénieurs français ont développé il y a quelques années le bicytractor. Ce tracteur est propulsé à la force des jambes, se basant sur le principe du vélo couché. Pour les petites surfaces ou les serres, il offre une formidable opportunité de mécanisation à bas prix et sans usage de carburant ni d’animal de trait. Il est d’ailleurs compatible avec les différents usages d’un tracteur que ce soit pour le labour, le semis, le désherbage, etc. De plus, ses plans sont disponibles en ligne et il peut donc être assemblé par n’importe qui, sa conception ayant intégré la perspective d’un entretien aisé.
Le vélo peut aussi servir pour les livraisons de la production à des magasins ou des particuliers. Comme pour des objets, le transport ne pose pas de souci particulier et est économique. Si la réfrigération ne semble guère possible, la livraison de produits issus de fermes urbaines ou périphériques est en tout cas une autre perspective enthousiasmante de résilience alimentaire locale.
9 – Le vélo pour transporter des personnes
Si le vélo est pratique pour la mobilité individuelle, il peut l’être aussi pour des déplacements à plusieurs avec chauffeur. Ainsi, et loin des stéréotypes sur les pousse pousse asiatiques, le vélo-taxi est une véritable opportunité pour l’économie locale.
En effet, puisque la législation les considère comme des vélos, ils peuvent rouler en zone piétonne et sur piste cyclable. Ils sont donc plus polyvalents, tout en pouvant esquiver les bouchons. Et puis, ils sont aussi un très bon moyen de visiter une ville. Ils ont les avantages du taxi motorisé, sans les inconvénients, puisque facilitant l’observation et la découverte du patrimoine.
Pour la ville, c’est tout bénéfice aussi. Les exploitants de ce service n’ont pas besoin d’une licence de taxi, mais doivent payer une redevance de domaine publique quand ils attendent un client. C’est donc une source de revenu supplémentaire qui fluidifie le trafic en centre ville !
Rendre l’administration exemplaire dans sa transition bas carbone
10 – Le vélo pour les services municipaux
Il y a quelques années, un agent technique municipal me confiant qu’en début de carrière à la fin des années 70, il se déplaçait à travers le village en vélo pour le service. Une remorque contenait les outils dont il avait besoin pour ses interventions, y compris en jardinage.
A Toulouse, ce sont les balayeurs de rue qui ont été équipés en triporteurs électriques. Cette solution permet de rendre leurs interventions plus rapide sans gêner le commerce et les habitants, voire de le rendre plus facile, de sorte que le service a pu se féminiser. De manière générale, la plupart des interventions techniques pourraient se faire en vélo. Même pour le jardinage, plants et terreau peuvent être acheminés en vélo comme nous le voyions précédemment.
Ce moyen de transport pourrait aussi devenir la règle pour les déplacements des agents administratifs en réunion quand leur destination est à moins de 10km. Cela donnerait une image d’exemplarité pour la collectivité, tout en permettant à des agents parfois trop sédentaires de se remettre en forme. En plus, les agents peuvent bénéficier d’une indemnité kilométrique vélo s’ils viennent travailler également en vélo.
11 – Le vélo pour collecter les déchets
La gestion des déchets est un gros problème avec un impact carbone estimé à 3% des émissions françaises. Dans ce total, leur transport soit pour la collecte soit pour l’acheminement vers les centres de traitement est estimé à environ 2.5 millions de tonnes de co2 en 2014 selon l’Ademe, soit de 15 à 20% du secteur des déchets. C’est peu, mais c’est un axe de travail à ne pas négliger pour autant.
D’autant qu’en ce qui concerne l’acheminement par les particuliers, il y aurait beaucoup à faire. Les déchets verts pourraient être traités directement dans le jardin, ce qui éviterait les trajets hebdomadaires entre la déchetterie et le domicile. De même, pour peu que des pistes cyclables maillent mieux le territoire intercommunal, il serait facile d’amener aux déchetteries des déchets avec un vélo cargo.
A Strasbourg, l‘entreprise Sikle propose ainsi de collecter les biodéchets des professionnels pour en faire du compost. Grâce à ses remorques autotractées, elle peut circuler dans toute la ville et collecter les déchets alimentaire auprès de plusieurs dizaines de clients en même temps. Les restes deviennent ainsi un compost de qualité, qui peut servir pour la production alimentaire locale.
Cette solution n’est évidemment pas pratique pour tous les déchets, notamment les plus lourds et encombrants. Mais en zone urbaine dense, la suppression des camions benne pourrait bien devenir rapidement la norme.
12 – Le vélo pour protéger la population
Nous sommes tou-te-s habitué-e-s à voir la police municipale parcourir les rues de nos communes en vélo. Les avantages en sont nombreux pour la collectivité et les policiers. Ils apparaissent plus accessibles, plus proche de la population, ce qui facilite le désamorçage des conflits. Plus discrets, et disposant d’une meilleure vision, ils peuvent ainsi surprendre des malfaiteurs. Enfin, c’est un moyen de locomotion peu coûteux , ce qui est appréciable pour les finances publiques.
Mais la protection de la population en vélo peut se faire aussi en ce qui concerne la lutte contre les incendies. Il existe ainsi une tradition liant cyclisme et pompiers. Avec la démocratisation de la bicyclette, de nombreuses compagnies se sont ainsi équipées dès les années 1890. Cela vaut naturellement plutôt pour les villes denses où le vélo pourra concurrencer la voiture, pas dans les territoires ruraux où une caserne peut couvrir plusieurs dizaines de km².
Ce vélo nous vient ainsi de Chine. Il souligne que pour peu que des bornes à incendie soient disposées régulièrement dans la ville, un vélo portant une lance à incendie suffit pour combattre le feu. Et pour peu qu’il soit cargo, il peut aussi transporter une échelle, des extincteurs, des tenues, du matériel de désincarcération, etc.
13 – Le vélo pour les urgences médicales
A Londres et Manchester, deux cités britanniques particulièrement concernées par les embouteillages, les services d’urgence se déplacent à vélo.
Dans les centre-ville piétonnisés ou très denses, ces secouristes à vélo peuvent intervenir plus vite qu’une ambulance. Lors du test initial du dispositif, le gain de temps d’intervention a été estimé à 250h en 6 mois. Ce qui est d’autant plus important pour des urgences comme un AVC ou un arrêt cardiaque où chaque minute compte. De ce fait, l’équipement est conçu pour allier rapidité et polyvalence : un défibrillateur, une assistance respiratoire, des injections, des pansements, etc.
Mais les urgences à vélo peuvent aussi s’occuper du transport des blessés ! Comme ce fut le cas au début du XXème siècle, notamment dans un contexte militaire, les vélo cargos se prêtent tout à fait au transport de malades. La faible accélération et la douceur de la conduite sont justement idéales pour ces circonstances.
Rendre service à la population
14 – Le vélo pour transmettre de l’information
Qu’il s’agisse d’une estafette militaire, d’un distributeur de journaux ou d’un facteur, le vélo est un bon moyen d’acheminer les courriers et colis. Pour les arrêts fréquents d’une tournée urbaine, un véhicule motorisé serait trop bruyant et consommerait trop de carburant.
Il est néanmoins dommage que la Poste n’ait pas opté pour des triporteurs ou des vélos cargos pour l’acheminement des colis. Tout comme pour les déménagements, leurs capacités de charge et de volume sont tout à fait adaptées pour cette activité. Pour autant, avec le développement des restriction de circulation des camions en centre-ville, la transition pourrait très vite s’opérer.
15 – Le vélo pour la transition énergétique
Il existe toujours un certain fantasme autour de la possibilité de produire de l’électricité avec un vélo. Pourtant, de l’aveu même du fabricant de vélo générateur d’électricité TechnoGym, l’ensemble des salles de fitness mondiale, même équipées de dynamos, ne pourraient alimenter qu’une ville de 200 000 habitants. La solution indienne étant justement adaptée aux besoins domestiques indiens, inférieurs à ceux d’un foyer européen.
Ce qui ne signifie pas pour autant que le vélo n’a pas son rôle à jouer dans la transition énergétique. Il peut alimenter des ampoules et des petits appareils, ce qui est déjà pas mal en terme d’économie. Avec un peu de bricolage et des courroies de transmission, ou carrément avec ce concept, il peut être possible de se servir d’un vélo pour faire fonctionner un lave linge. La transition énergétique est indissociable d’une forme de sobriété, de réduction des besoins et d’optimisation des appareils.
De même, des ingénieurs ont inventé un prototype de roue pouvant stocker l’énergie du pédalage, pour mieux la restituer dans des stations officiant comme batterie de stockage. Ce qui pourrait être utile pour l’éclairage urbain, la recharge des véhicules électriques, etc. Il y a une économie locale à inventer autour de la production d’énergie par le vélo.
16 – Le vélo pour découvrir le territoire
Le plaisir des vacances entre amis ou en famille, c’est aussi de pouvoir s’émerveiller ensemble à parcourir un territoire inconnu. Mais cela ne doit pas forcément se conjuguer avec l’usage d’un véhicule motorisé. Pour autant, les visiteurs de votre territoire n’ont pas forcément envie de devoir s’occuper chacun d’un vélo. La solution idéale existe, il s’agit de la rosalie. C’est une variante du vélo qui permettra la transition de votre économie touristique locale vers un modèle plus vertueux.
Elle offre à la fois les avantages de la voiture et du vélo. Elle est stable, peu bruyante et polluante, modulable selon le nombre de passagers. Tout le monde n’est pas obligé de pédaler en plus et elle peut transporter du matériel, le pique nique, etc. ! En plus, sa vitesse modérée permet de mieux profiter du paysage et de prendre le temps de s’en extasier. Les touristes restent donc plus longtemps !
La plupart des stations balnéaires en proposent à la location, mais cela pourrait aussi convenir pour d’autres formes de tourisme. Avec une assistance électrique, les rosalies pourraient ainsi convenir pour les reliefs vallonnés et montagneux par exemple.
Mais vos visiteurs préféreront peut être faire du tourisme en buvant un coup en même temps. Plusieurs grandes villes européennes proposent ainsi un beer bike, qui demande de pédaler tout en étant attablé à un comptoir de bar. Grâce au conducteur, pas de souci à se faire pour l’orientation et le taux d’alcoolémie en plus.
17 – Le vélo pour des activités festives
Pour organiser une manifestation, un concert ou un événement familial, vous pouvez avoir besoin d’un peu de sonorisation. Le modèle des camions sonorisés est dépassé, trop polluants et bruyants, ils ne conviennent pas pour une manifestation durable.
Avec un vélo et un peu d’huile de coude, on peut faire de belles choses. Lors de ses deux tours de France en 2015 et 2018, l’association Alternatiba s’est ainsi baladée avec un vélo cargo sonorisé avec panneaux solaires, mais pouvant être rechargé à l’arrêt en pédalant. Une solution low-tech idéale pour organiser des conférences et concerts à l’improviste n’importe où. Cette solution est déclinable en de nombreux modèles et permettrait de supprimer enfin le camion sono de la CGT dans les cortèges du 1er mai ! Ce pourrait même devenir un équipement municipal prêté pour les manifestations publiques.
Et quand vous avez faim, il n’est nul besoin de faire appel à un traiteur ou un food truck, un food bike fera très bien l’affaire. Pour une crêperie, des sandwichs, des glaces, voire des boissons, un vélo cargo ou une remorque peuvent tout accueillir le matériel nécessaire pour préparer et distribuer de la nourriture. L’avantage de cette solution, outre la mobilité accrue, est que l’occupation du domaine publique est moindre, donc la redevance inférieure à celle d’un camion.
Les avantages du vélo pour votre territoire
De nombreux autres aspects pourraient être évoqués pour faire le lien entre vélo et économie locale.
18] Ainsi le vélo pollue moins, fait moins de bruit et est moins dangereux pour les autres usagers. C’est un véritable atout pour les politiques sanitaires locales. Cela occasionne ainsi moins de troubles respiratoires, moins d’accidents graves, moins de stress. Tandis que l’effort physique fourni permet de lutter contre l’obésité, les problèmes d’articulations et les troubles cardiovasculaires. Les établissements médicaux font ainsi des économies grâce à une mobilité plus apaisée. Aux Pays Bas, les gains des dépenses de santé grâce au vélo sont estimés à 19 Milliards € par an !
19 ] Pendant ce temps, augmenter la part modale du vélo permet de diminuer l’usure des chaussées. En effet, plus un véhicule est lourd, plus son impact sur la chaussée est fort. Un véhicule routier use la chaussée dans la proportion de la cinquième puissance de son poids par essieu (autrement dit, quand on double ce poids, à vitesse égale, ce véhicule use 32 fois plus la chaussée). C’est ce qui a conduit le législateur a définir des valeurs maximales de charge à l’essieu pouvant être définie encore plus strictement dans les collectivités locales selon les besoins. Recourir au vélo a donc pour effet de devoir remplacer moins souvent, voire plus du tout, la chaussée et donc à réaliser de substantielles économies.
D’ailleurs, contrairement aux idées reçues des commerçants des centre-villes, seuls 20% de leurs clients sont motorisés. Favoriser le vélo soutient donc l’économie locale en rendant plus pratiques et rapides les courses des habitants.
20] Dans le même temps, le vélo peut être un nouveau levier de développement économique en terme de production même. Sur les 3 millions d’unité vendues chaque année, 40% sont assemblées en France. La relocalisation de la production de vélo pourrait ainsi compenser l’affaiblissement du secteur automobile. Mais pour y parvenir, il faudra également que cette transition se fasse au niveau des équipementiers. Entre les producteurs, les vendeurs et les réparateurs, il y a ainsi de quoi monter un véritable écosystème vertueux au niveau local.
Conclusion
Ainsi, devant un tel faisceau d’indices convergents du lien de causalité entre pratique du vélo et dynamisme de l’économie locale, il ne reste plus à votre territoire qu’à s’y mettre à son tour. En effet, le vélo est utile localement pour la mobilité de l’essentiel de la population. Il peut également faciliter la création d’activités économiques locales. Pour les administrations locales, c’est un levier évident de réduction de leur empreinte carbone. Et puis, contrairement aux clichés, l’usage du vélo n’est pas réservé aux rabats joie, c’est aussi un bon moyen de s’amuser.
Et vous, avez vous en tête des usages du vélo pour l’économie locale qui m’auraient échappé. Des exemples de mise en oeuvre de ces usages économiquement rentables du vélo ?